• Lieu de délices par excellence, tous les gâteaux sont là alignés sous nos yeux, je suis hyptonisée par l'abondance de formes, de couleurs.

    Les tartes sont rangées sagement, celles aux pommes légèrement caramélisées, aux myrtilles, à la rhubarbe. A côté les choux à la chantilly, les babas au rhum suivis des éclairs et des religieuses, enfin l'armada des gâteaux au chocolat. Tout est disposé avec minutie dans un ordre établi.

    A chaque visite c'est lequel choisir ? On fait le tour de l'étalage qui nous aimante mais chacun ayant ses préférences on ne prend pas de risques qui gâcheraient notre journée, on opte toujours pour les mêmes.

    La vendeuse aurait pu préparer les gâteaux sans rien nous demander mais heureusement arrive la phrase que j'attends :

    - Vous désirez ?, sur un ton entendu.

    Alors chacun passe sa commande, la vendeuse munie de sa pince prend délicatement le gâteau demandé et le pose sur un plateau. Elle les aligne avec précaution dans un carton sans les empiler ni les faire chevaucher, un carton ne suffit pas alors il y en aura deux, du papier fin pour les cacher des passants qu'on va croiser, un bolduc rose les emprisonne.

    La commande ne s'arrête pas là, après les gâteaux il faut compléter par la guimauve en bâtonnets, pas style marshmallow, celle-ci est légèremet plus dure, aromatisée citron, anis ou encore menthe on termine par l'assortiment de sucettes Pierrot Gourmand.

    Nos biens les plus précieux sont portés comme une offrande.


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  • Juillet, il y a le 14 et son feu d'artifice traditionnel mais c'est aussi le temps des fenaisons, à tour de rôle les fermiers s'entraident, une véritable ruche qui s'active. Les hommes et les femmes équipés de leurs faux partent à l'assaut du foin à couper. Tôt le matin ils se hâtent avant qu'il ne fasse trop chaud, leurs enfants prennent le relais avec leurs grands râteaux en bois pour retourner le foin qui doit sécher rapidement, on le monte en meules, on l'empile sur le char tirés par les boeufs qui ne manifestent aucune impatience malgré les mouches qui les dévorent.

    Tout le monde est sur le pied de guerre y compris les voisins de la ville qui sont chargés de porter les en-cas et boissons tout au long de cette journée harassante mais combien vivante.

     

    Août, c'est la période des moissons qui occupe une place particulière dans l'année pour les fermiers. Le grand jour est arrivé, aux premiers rayons du soleil les rôles sont distribués, le programme bien établi doit être respecté et fait dans la journée, on ne peut pas risquer un lendemain avec orage à cette époque, le temps de travail est rythmé par les pauses casse-croûte.

    On passe la faucheuse, le blé coupé est ramassé en petites gerbes que la charrette emporte directement à la ferme. La batteuse-lieuse est opérationnelle dans la cour de la ferme, l'échelle adossée contre pour pouvoir y accéder, le feu vert est donné et tout au long de la journée les gerbes vont passer et ressortir en grosses balles de paille ligotées, sur un côté les grains remplissent les sacs. Il y a beaucoup de poussière qui pique les yeux, la gorge, il faut penser à mettre devant la bouche le mouchoir de grand-père pour se protéger.

    Pour cette journée particulière c'est l'entraide mutuelle avec les fermiers voisins ainsi que des prend l'air (vacanciers) afin d'accélérer le travail pour garantir une récolte de qualité.

    La nuit tombe, la batteuse-lieuse a bientôt terminé son travail, les femmes s'affairent dehors pour dresser les tables, les moissons sont l'occasion de repas conviviaux, après un travail éprouvant on se retrouve autour de la table, les liens se tissent dans une ambiance chaleureuse, festive. Cochonnailles, salades, omelettes et poulets rôtis font le tour des convives. Tous sont harassés de fatigue mais iront au bout de la nuit en chantant souvent en patois, je ne comprends pas grand-chose mais ce sont deux mondes qui se côtoient et racontent leurs différences.

    Un grand moment de félicité renouvelée chaque année.

     


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  • Ce n'est pas celui qui apparaît dans le ciel après l'orage, il s'agit de la truite arc-en-ciel qui vit dans les rivières des Cévennes. Il faut la traquer et attendre patiemment, mais avant d'aller pêcher il y a toute une préparation que j'ai appris avec Yvette, une voisine, une fondue de cette pêche. Elle prépare ses mouches qui vont servir d'appât, un travail de patience, de minutie, il faut choisir et assembler les plumes de coq aux couleurs variées.

    Dès qu'il a plu les vers de terre sortent, il faut en faire provision, je n'aime pas cette cueillette, je préfère ramasser les vers d'eau nichés sous les cailloux de la rivière, ils ont une coquille et ne se tortillent pas dans mes mains.

    Tôt le matin ou avant la tombée de la nuit, elle part avec sa tenue spéciale de pêcheur, on dirait un militaire de commando si ce n'est qu'elle a du rouge à lèvres pour la distinguer.

    Elle prépare son matériel, repère l'endroit et d'un geste précis elle lance le fil, le ramène petit à petit et d'un coup imparable sort une truite. Les truites s'alignent dans leur lit d'herbes, elles feront bientôt la joie des connaisseurs.

    Pendant ce temps, avec mon bout de canne en bambou j'essaie vainement d'attraper des goujons ou vairons.

    La pêche a été excellente, on prépare la poêle en fonte, celle qu'il ne faut pas laver d'une fois sur l'autre, on la nettoie avec du papier journal puis on l'huile légèrement, elle est prête à l'emploi. Un peu de beurre, les truites se racornissent sous la chaleur, il est temps de passer à table.


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  • Un petit bout de femme, toute menue, ses cheveux gris ramenés en chignon, toute vêtue de noir avec son éternel tablier bleu en grosse toile. Elle dirige la ferme voisine avec ses deux fils, je n'ai pas connu son mari comme je n'ai jamais connu son prénom, peut-être un diminutif d'Agathe, ici c'est la Gata. C'est dans cette ferme qu'on vient prendre notre lait quotidien, je rentre dans l'étable, une chaleur m'envahit mêlée à une odeur prenante, il faut faire attention où je mets les pieds et malgré toutes mes précautions je suis souvent revenue avec les chaussures crottées. Le jeu favori d'un de ses fils, le Raymond, est de prendre un pis de la vache  qu'il trait et m'envoyer une giclée de lait.

    Je vais faire une parenthèse, dans le monde rural on met un la ou un le devant le prénom, à la ville on nomme directement la personne par son prénom, ce petit article en plus m'a toujours interpellé et surtout mis mal à l'aise comme si la personne n'était qu'un objet.

    La Gata allait aux champs garder ses vaches, suivie de son inséparable chienne la Diane, elle m'a appris à regarder, écouter, respecter la nature, à tresser le jonc pour faire des bracelets ou des petits paniers dans lesquels je rangeais mes  trésors, à tricoter des écharpes et bonnets pour mes poupées, elle me consolait quand j'avais un chagrin.

    Jamais un mot plus haut que l'autre, toute en douceur avec une grande force de caractère. Une sage.


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  • Nous sommes à la mi-août, il est temps d'aller faire provision de babets, les pommes de pin. Dans les forêts avoisinantes, le sol en est jonché. Première étape on se pose et on prend un goûter, la boisson c'est l'eau de la rivière, on ne parlait pas encore de pollution.

    Munis de sacs en toile de jute, nous nous appliquons chacun à remplir le nôtre, ils sont grands et il nous faut un certain temps pour en arriver à bout, on les empile dans une carriole qu'on tire à bout de bras, à la Maison direction l'arrière du garage où ils vont sécher tout l'hiver, ils serviront l'été prochain pour allumer la cuisinière et la cheminée seuls chauffages de cette immense maison.

    L'été tire à sa fin, il y a comme un avant-goût d'automne dans l'air, les nuits deviennent fraîches, on ne résiste pas à un bon feu de cheminée le soir venu, ce soir exceptionnellement on prépare le feu avec les babets du jour, ils sont encore verts, pleins de résine, çà crépite, de temps à autre ils envoient quelques flammèches tel un feu d'atifice, le temps de se consumer ils émettent des bruits allant de la joie à la plainte.

    Les bûches rougeoyantes dispensent une douce chaleur, créent sur les murs des ombres inquiétantes, assis près de l'âtre on sent la chaleur nous envahir, les joues commencent à rosir, les yeux nous piquent, se ferment petit à petit, il est temps de regagner son lit.


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